Irene BOU

 

Mon travail
 
Une tentative d’éternité, une passion (?), une obsession, un moyen d’échapper à la douleur du temps qui passe, un pied de nez au quotidien absurde. Mon approche initiale de la peinture fut, en principe, un exercice intuitif : je me laissais envahir par une sorte d’énergie interne et par un besoin jouissif de sentir et d’exprimer une rébellion jusqu’à atteindre l’épuisement et l’expulser  en tombant dans l’ennui. Avec le temps, les jours après les jours jusqu’à maintenant, avec l’intention de dévoiler ce qui se cache derrière mes pensées inconscientes et les dessins aléatoires et les visages répétés et les objets reconnaissables, je rencontre une gêne plus psychique que physique et, dans l’intention de l’identifier et de la comprendre, j’arrive à une interrogation obsessionnelle sur les mécanismes qui déchargent ces images dans ma psyché. Je reste dubitative, profondément dubitative car la certitude est une voie sans issue pour moi qui place toujours l’incertitude au départ. Très souvent la vie n’occupe pas un rôle  jouissif mais plutôt elle nous est imposée : nous devons la subir. Quand nous avons identifié une fois pour toutes nos faiblesses et nos déficiences  ainsi que nos aptitudes et nos qualités, nous nous accommodons du fait que certaines choses  sont inaccessibles, et alors nous pouvons voir et sentir une souffrance amère et travailler sur elle et pour elle. Après il y a le déclin du corps, les changements physiques et psychiques. Emergent les peurs primitives, incluant la prise de conscience du déséquilibre de notre univers mental. Je flirte avec les contradictions et aussi avec les banalités de mes états d’âme, car, partant de l’obscurité, il est fascinant d’accéder à de grandes trouvailles et de grands vestiges. Un autre thème qui me taraude lorsque je peins et que j’utilise mes vernis est celui du double : l’imagerie truculente du monstre intérieur qui nous envahit d’une façon si naturelle dans nos vies quotidiennes et les endroits de nous-mêmes que nous ne contrôlons pas. Bien que nous soyons toujours la même personne nous nous présentons sous différentes facettes selon l’endroit où nous sommes, montrant aux uns et aux autres une apparence qui, très souvent, ne nous correspond pas. C’est cela le dédoublement qui nous accompagne depuis le début